mardi 23 août 2016

Respecter la distance

Je dois l’avouer (et je vais vous faire quelques confidences  dans ce texte), en début de saison j'étais en feu.
Mes deux premières courses n'ont jamais été aussi rapides, pour ne pas dire faciles (lire ici sans prétention quand même, bon peut-être un peu. Mais on y reviendra ! ). 

Les jours après ma course, je flottais à l'idée d'essayer de battre mon record, je me voyais déjà reparti pour la gloire.  Un peu comme un club de hockey qui se présente pour le 4ième match en séries après avoir gagné les 3 premiers. On se sent trop confiance et hop, on perd 3-0 !

Je l’avoue (encore un fois comme je vous l’ai promis) que j'ai même dit à quelques personnes que de me présenter sur la ligne de départ d'un marathon ne me faisait plus peur (c’est ici que la prétention tient place).  Oh que je flottais haut dans ma tête que j'vous disais !

Quand tout va trop bien !

Le marathon des Érables en 3h42 était vraiment inattendu. J'avoue même que oui j'ai forcé pour arriver à maintenir cette vitesse,  mais je n'ai pas souffert !  (Oui je me suis claqué un mollet mais ça c'est une autre histoire)

La bête
Il ne faut jamais sous-estimer la bête, elle est aussi redoutable à chaque course. On ne peut jamais l’apprivoiser.  C’est certain que l’on  prend de l’expérience, mais la bête elle aussi peut se présenter avec un nouveau visage à chaque fois.  Peu importe comment on décrit nos courses, l’issue entre le monstre et le coureur offre deux choix : soit on termine, soit le monstre nous bouffe d’un façon quelconque et on abandonne.  Mais, crevé, essoufflé, déshydraté, sale ou même blessé, c’est toujours avec le sourire que l’on franchi l’arche à l’arrivée. Arrêtant nos chronomètres pour voir finalement si on a réussi le temps espéré ou même le temps inespéré (car on a toujours des attentes).   Mais pour moi, le défi et le courage résident à prendre le départ, sachant qu’il y a toujours le monstre qui nous guette et l’incertitude de la fin.  Non, je n’aurais pas le même plaisir si la fin était conquise d’avance, je n’ai pas la même excitation à courir 10km assuré presque d’avance.

Ma blessure au mollet  au marathon des Érables a pris beaucoup plus de temps que je pensais à guérir.  J’ai dû faire de moi un DNS (Did not start) au marathon d’Ottawa.  Vous savez, on apprend beaucoup sur soi en courant des marathons.  On apprend beaucoup aussi à l’entrainement (car ça en prend beaucoup, beaucoup aussi).  Et on apprend énormément à devoir respecter son corps et de sauter une course auquel on tient beaucoup.  8 semaines à ne pas courir, 8 semaines à perdre mes acquis.  J’ai recommencé à courir le 20 juin avec comme objectif le Marathon de Québec le 28 août prochain. Donc seulement 8 petites semaines pour passer en vitesse supérieure.  Et c’est ici que le combat avec mon mental commence.  Autant que je flottais et que je me voyais courir des marathons à la queue leu leu sans problème, autant le doute et la peur de la prochaine course me rattrapent ( Et c’est ici que la prétention prend le bord ;0).

Un marathon, reste un marathon.  C’est 42.2km de défi avec soi-même et avec les pièges du monstre (chaleur, acide lactique, trou, côtes et blessures sans parler du mur du 30km).

Mais je sais que je suis accro à faire ce défi.  J’aime la course à pied et l’adrénaline de la ligne de départ.  J’aime la course à pieds car il n’y a pas de raccourci. Oui certaines personnes ont plus de talent, ils courent plus vite, mais il ne font pas moins d’effort.  On ne peut pas obtenir de résultat en course à pieds (peu importe les distances) avec peu d’effort.  Tu ne peux pas prendre de raccourci dans ton entrainement.  Tu ne peux pas te payer des souliers derniers cris qui vont te faire gagner 5 minutes. Et il n'y a pas d'Apps non plus pour courir un marathon.  Il y a seulement toi avec toi, et toi contre toi.

Bon ok, je parle beaucoup, c'est que Québec approche vite (5 dodos). Cela sera mon sixième et j'ai un peu la chienne.  J'ignore si je suis prêt. Je vole moins haut dans ma tête que je vous disais.  Mais comme me disait mon amie Rosemary,  Jojo aussi a sûrement la chienne bien souvent, mais elle garde la tête haute et elle fonce.  Alors on fonce ma chère Jo.

Je me sens un peu comme à mon deuxième marathon, i.e. que je sais que je suis capable de le faire, mais est-ce que je vais pouvoir le refaire ?  (Ben oui que je vais le faire, j’ai une super tête de cochon !!! Même si je dois le finir à quatre pattes. )

Vous souvenez-vous de celui de l'an passé à Québec.  Je vous avais écrit ce qui se passe dans la tête  d'un coureur durant les 10 derniers km.  Oh que j'avais souffert.  Je n'avais pas bu assez d'eau durant la course et la chaleur de Québec (surtout dans le four du boul. Champlain) ont eu raison de moi.  J'étais complètement déshydraté.  J’avais négligé de boire assez durant la course. Erreur à ne pas faire cette année.

Vous pourriez bien être déçu cette fois !
Je vous ai habitué cette année qu'à chaque course je vous reviens en disant que j'ai battu mon record.  Et bien pas en fds. 
 Il n'y aura pas de record, pas de sprint de la mort à la fin.  J'ai décidé pour me reconnecter avec la course d'endurance et avoir du plaisir, de partir sans montre, sans chronomètre et sans gps.  Juste courir par plaisir.  Je le dis souvent mais j'y arrive rarement. Mon nouvel ami de course Daniel ( celui qui avait écrit un texte sur Jo et moi dans sa chronique de RDS) m’a invité à le courir avec lui.  Je vais donc essayer pour une fois de courir "just for fun".  Suivre Daniel (si je suis capable hihihi) et discuter et s'amuser durant le trajet. Pas de chrono .... pas de rush

Bon je sais que ça va être dur de ne pas essayer d'avoir d'objectif.  On a toujours des attentes et ça va me travailler fort durant la course de ne pas savoir comment on va et de penser que je vais faire une temps moindre que d'habitude. Mais c'est ca mon objectif de ce marathon.  Et pour être sûr de ne pas regarder mon chrono, je n'apporterai même pas ma montre.  Je vais la laisser à la maison ( je me connais trop, je pourrais l'accrocher après ma ceinture juste au cas :-). 

J'ai besoin de courir ça avec du plaisir car la confiance des longues distances fait défaut et si je veux arriver à courir les 10 marathons que je me suis donné comme défi pour Jojo, je dois retrouver ce petit quelque chose que j'ai perdu.  Et si tout va bien et que l'on revient en forme de Québec, on pourra s'attaquer à celui de Toronto en octobre, et cette fois, pas avec une, mais deux montre gps....  Il y a toujours un record à battre.


Je vous redonne des nouvelles après ma course !