dimanche 2 septembre 2018

Courir 50 km c'est dur. Courir 50 km c'est l'fun !



Patrice Godin, oui le comédien, mais qui est aussi un coureur redoutable en ultra-marathon dit que ce genre de course est toujours une aventure.

Pour Pat Godin, quand on part courir pour 10, 20 ou 30 heures, on peut être certain d’une chose :
     - Si ta course va bien, ça va aller mal.
     - Et si ça va mal, ça va aller bien.
     - La seule chose à faire, c’est de continuer !

Alors allons-y ! Commençons l’aventure par le commencement.

J’avais la chance de faire ce premier ultra-marathon avec quelques membres de l’équipe de la Maison de la Course. Ma participation avec ce groupe se limitera à écouter avec grand intérêt les conseils et consignes de ces gens d’expérience en ultra au souper de la veille et à prendre le départ avec eux. Mais pas question d’essayer de les suivre. Trop rapide pour moi et j’ai une stratégie de course à respecter.

On a beau courir une Course d’enfer à la Chute du Diable, pas question de céder à la première mauvaise tentation de la journée.
La bataille avec le diable ne fait que commencer !

L'équipe de la maison de la course, Rapide tu dis.
 La jolie blonde au centre (Chantal Lanteigne)est la gagnante des femmes !
Ça fait longtemps que je n’ai pas fait le décompte d’une course par étape, allons-y tranquillement. La journée va être longue.

Après une nuit ou je n’ai absolument pas dormi une seule minute, debout a 3hre AM, déjeuner et dernier préparatif pour la journée.  Double check sur tout: Panoplie de jujubes et gels énergisant, montre GPS, dossard, drop bag pour le  vestiaire et musique….   Départ de l’hôtel à 4hre AM.  Pas le choix, on a une demi-heure de route à faire pour se rendre sur le site principal. Il faut alors s’enregistrer une première fois car tout au long de la course, on doit s’enregistrer et s’identifier à chaque check point pour être certain de ne pas perdre de coureur dans les bois.  5h-5h30 embarquement dans les navettes qui vont nous amener à notre point de départ de la course.  Pour s’y faire, on doit se taper 1h30 de gros et inconfortable autobus jaune où l’espace pour les jambes est fait pour la taille des enfants, et les sièges, ben les sièges on en parle même pas.  Pour couronner le tout, Josée et moi on est pris avec le banc situé juste au-dessus des ailes des roues arrières, ce qui fait que l’on a les jambes sur la bosse de l’aile. On a vraiment tirer le numéro de l’inconfort total pour ce voyage….


4h30 AM, 
Les bénévoles s'active pour nous enregistrer et s'occupent nos drop bags.

Après l’excitation de l’embarquement passée et les highfives entre coureurs qui retrouvent d’anciens chums, l’atmosphère est calme dans l'autobus.  Certains essaie de reprendre un peu de sommeil de cette nuit courte, d’autres se racontent leur dernière course….  Apres ce périple qui, parti du parc récréoforestier de St-Mathieu,  doit nous faire redescendre  par Saint-Elie-de-caxton, Saint-Paulin, Saint-Alexis des Monts pour finalement remonter au camping St-Bernard, qui, vous le devinez, est situé à 50 km de notre point de départ….. à travers les montagnes ;-)


Commentaire très annonciateur  ici de notre comparse Chantal – "Ça va être beau tout à l’heure, même l’autobus a de le misère à monter les côtes…" ;-)

On arrive assez juste, le départ sera donné dans quelques minutes. Juste le temps d’aller au toilette, photo d’équipe et 5, 4, 3, 2, 1 et le Diable en personne nous ouvre les portes de l’enfer !

On est exactement 100 coureurs pour cette aventure.  Je me place assez en arrière, je veux partir tranquillement et surtout ne pas me faire aspirer par le groupe qui part trop vite.  Josée et sa gang sont parties en avant de moi.  Je ne les reverrai plus de la journée !   Les conseils de la veille, que j’avais emmagasiné au soupe,r était que le premier 10 km était facile. Sentier sans trop d'obstacles, single track (en file indienne) et majoritairement en descente.  D’où le risque de péché par orgueil en partant trop vite pour gagner du temps quand on a un esprit de marathonien et non un esprit de coureur de trail.  Brûler trop d’énergie sur le premier 10km, risque de coûter cher lorsque les démons viendront te hanter, quand les jambes seront en feux dans les montées 30 petits km plus loin.

Je fais donc le premier 10 km tranquillement avec deux autres coureurs partis au même rythme que moi. Même si je trouve que l’on court un peu vite,  Ça roule bien et on profite de la descente. Ce premier 10 km va bien, les jambes sont fluides et en formes.  Souvent dans les 5 ou 6 premiers km on sait quand ça ne sera pas une bonne journée.  Ça ne sera pas le cas aujourd’hui.  Pour le moment tout va bien.  Je perds mes deux compagnons de route au premier ravito. J’ignore s’ils ont fait un pacte avec le Diable, mais ils sont en feu et ne s’arrêtent même pas pour remplir leur sac d’hydratation et manger un morceau de fruit.   La journée sera longue et chaude. Vaut mieux ne jamais arrêter de s’hydrater sinon on risque de passer un après-midi d’enfer à chercher de l’eau.

Je repars du premier ravito et continu ma course tranquillement.  En suivant les sacro-saint conseils de mon coach, je cours en faisant de petits pas en essayant d’avoir plus le feeling de danser entre les obstacles que de courir. Je ménage mon énergie.  C’est mon premier ultra-marathon, ma première expérience en trail. Rien ne presse. Je ne veux pas péché par excès.  Tout va bien jusqu’à maintenant et je passe le premier cut-off du 14ieme km sans problème  (cut-off = check point où l’on est disqualifié et crucifié si on arrive trop tard) .

Je suis agréablement surpris. La première partie du parcours et facile en terme technique de course.  J’en profite car je sais que plus loin ca deviendra beaucoup plus démoniaque. Je file ainsi mes 20 premiers km.  Parti dans les derniers, je commence à rejoindre d’autres coureurs qui commencent à fatiguer.  Pour moi, mes jambes commencent à être réchauffer à mon goût.  Aucune fatigue dans les jambes malgré le fait que j’ai succombé à la tentation la semaine précédente de faire trop d'entrainement.  Ça cours bien. Très bien. Ma tête m’envoie clairement le message qu’à partir de maintenant, je suis en mission !  Il est clair à ce moment dans ma tête que rien ne pourra m’arrêter de traverser  ces montagnes.  
Mais ATTENTION, le Diable à plus d’un tour dans son sac. Mais je suis prêt. Je branche alors mon arme divine,  j’allume mon ipod et mets mes écouteurs.  Plus aucune place possible ne serait-ce que pour l’ombre d’un terroriste. 

La prochaine portion du tracé et la pire du parcours,  les 14 prochains km (  20km à 34km) sont les pires.  Les pires montées y sont concentrées.  C’est ici que la game commence vraiment.  Ça monte comme j’ai rarement vu.  On doit monter de longue, très longue section avec une inclinaison de qui avoisine facilement les 45 à 60 degrés, et même plus dans les pires sections.  Et les descentes sont aussi infernales !  Les cuisses en feu, on monte les côtes une après l’autre. Certaines côtes semblent ne pas avoir de fin.  Plus on monte, plus on découvre que ça continu de monter.  Parfait, si l'on a 1600 mètre à monter, aussi bien commencer maintenant.  Par contre la cadence et lente, très lente.  On ne court presque pas.  Seules les rares sections assez planes et pas trop techniques (bourrées de roches et racines) nous permettent de courir un peu, si on a récupéré nos cuisses de la dernière montée bien sûr !

« … Quand ta course va bien, ça va aller mal…. ».

Au 22ieme km, alors que je descends une côte super abrupte, ou l’on doit presque se tenir après les arbres par endroit pour ne pas tomber, mon pied reste pris dans une racine et je fais un plongeons divin, presque le saut de l’Ange et j’atterrie la tête sur une racine, le genou sur une roche et ma montre gps vole en éclats.  Je me retiens pour ne pas invoquer tous les saints du ciel.  Je dois être damné de toujours me blesser quand je fais de la trail.  Ben non, je ne suis pas damné, c’est rien qu'un manque de talent chronique. Quand même, ce plongeon se qualifie pour un 9/10 assurément. 

Evaluation des dégâts: le sang me coule le long du nez, le genou fait mal et la montre est hors service.  J’essuie le sang et ça ne semble pas trop grave, je ne devrais pas avoir de problème avec l’équipe médical au prochain check point.  Le genou fait mal en courant et surtout dans les descentes, mais il va voir que j’ai une tête de cochon et je me dis qu’il va finir par se tanner d’avoir mal !  Pour la montre, c’est plus chiant.  Comme on est en trail, il n’y a pas de petits panneaux qui annoncent le kilométrage comme dans un marathon.  De plus, comme on court, marche, monte et descent des côtes, il est difficile d’évaluer la vitesse à laquelle on avance.  Je n’ai plus de repaire de la distance et sur le temps passé entre les relais.  Ok, pas le choix.  On va les gérer un par un.  Le genou, toi tu suis ton jumeau,  oui oui, celui à coté de toi. La tête va bien.  Je n’ai pas été sonné et je n’ai pas vue d’étoiles lors de la chute.  Je crois que mon âme est sauve pour le moment.  J’ai deux Tylenol dans mon sac que j’essaie d’avaler  pour couper le mal et éviter un mal de tête qui pourrait devenir pénible à endurer.  Merde, j’ai plus une goutte d’eau dans mon sac d’hydratation,  J’ai deux Tylenol dans le bouche qui fondent et goûtent le Christ et je ne suis pas capable de les avaler.  Pas le choix. Jamais je n’arriverai à avaler ces pilules sans une gorgé d’eau. je les remets donc dans le ziplock et je les prendrai plus tard prochain ravito. Je suis chanceux, je n’aurai pas mal à la tête de la journée, ni mal à la foutu bosse qui pousse dans mon front. ;-).   Je repars.  Malgré ma mésaventure, mon moral lui est intact.  Je repars en boitant mais confiant.


C'est dans cette jolie descente que le anges
m'ont accordé un  9/10

Deux kilomètre plus loin, j’arrive en courant et clopinant au 3 ième ravito.   Avec le sang séché dans ma face, j’ai pas vraiment besoin de demander aux soigneur de vérifier ma blessure.  On me confirme que ce n’est pas grave (je m’en doutais bien, et dans le cas contraire, je l’aurais fait changer d’avis je vous le garantie.  Il aurait assez vite compris que je ne suis pas un apôtre des lamentations).  On désinfecte le tout, mets un point de rapprochement qui ne tiendra pas un kilomètre. « Aller, aller messieurs les soigneurs, je sais que vous avez une job à faire, mais j’ai une course à finir moi, j’ai pas toute l’éternité à passer ici !  Je leur dis alors « messie beaucoup » et aller GO !  On rempli la gourde d’eau, on effile les Tylenols à moitié fondue et collantes que je dois licher dans le ziplock. Et à voir le visage du soigneur me voir enfiler cette chose difforme jaune et blanche et un peu boiteusse, il est clair qu’il n’ose pas me demander ce que je prends hihihi.

Je quitte alors le troisième ravito et reprend le sentier.  Celui-ci au départ du ravito et un sentier de VTT très rocailleux et ça descente pas mal.  Comme je cours en clopinant et que c’est plein de grosses roches roulantes et dangereuses pour se tourner une cheville,  je cours en regardant sans cesse le sol pour ne pas me faire mal. Déjà que courir en descendant mon genou chiale à chaque pas… pas question de torde la cheville en plus.  Je cours, et ça descend, et ça fais mal .  Et je cours, et ça descend encore et je regarde le sol attentivement, et ça descend toujours…

ERREUR ! À regarder pas terre, j’ai manqué l’embranchement de la trail. Je cours depuis presque 15 minutes sans vérifier les flags (il y a des flags tous les 100 mètres dans la trail pour être certain de ne pas se perdre.)  Jésus Marie !  c’est pas vrai.  J’ai fait env. deux kilomètres dans la mauvaise direction.  Je dois revenir sur mes pas et vite.  Et merde, en plus il faut que je remonte toute la côte que je viens de descendre.  Et je ne peux pas me permettre de la remonter à la vitesse trail (lente) pour ménager mon énergie. Ce détour risque de me couter mon cut-off du 39ieme km.  Avec mon genou qui me ralenti, Dieu du Ciel, je n’avais vraiment pas besoin de ça.  Je repars en beau maudit, remonte la côte à mon rythme marathon. Et je cours, et ça monte, et je dois faire attention aux roches mais pas le temps d’être trop prudent, aller go…  on court, ça monte et ça fini plus de finir.  Mais c’est pas vrai que je vais me laisser démoraliser par ce sale tour de Satan.  Il ne l’emportera pas au paradis je vous le jure !   Je fini par voir les autres coureurs tourner à gauche plus haut.  Je regagne finalement la trail et reprend mon souffle de ma descente aux enfers inutile.  Ce châtiment m’a couté beaucoup d’énergie et je risque dans payer le prix un moment donné.  De plus, comme je n’ai plus de montre, j’ignore combien de temps j’ai perdu et mes calculs de temps de passage à chaque ravito pour savoir si je suis ok pour le foutu cut-off ne sont plus bons à cause de se détour.  Ok ok.  On se calme.  J’avais plus de 4 km d’avance sur le fermeur de piste.  Il y a encore de coureurs du 50km dans les sentiers.  Je suis encore dans les temps.  Faut juste pas niaiser. Il reste encore la moitié du parcours à faire.



La deuxième partie du parcours est beaucoup plus technique.  Des roches des racines, d’autres roches et d’autres racines.  La majorité des coureurs ne courent plus très vite dans cette section.  Les jambes plus fatiguées pour éviter ces obstacles, on court quand on peut mais c’est beaucoup de la marche rapide et des descentes infernales qui me font souffrir le martyr avec mon genou.

Pas grave, tant que l’on avance, on finit par arriver.  Mais mon genou empire.  L’inquiétude me gagne.  A certain moment selon l’angle de la jambe mon genou n’est pas capable de supporter  mon poids.  Je dois me déplacer de plus en plus difficilement.  8 km avant le prochain relais.  Un pas à la fois, j’avance.  Je place alors un appel céleste au ciel.  « Allo maman !  Tu dois t’occuper de mon genou.  Moi je m’occupe de finir cette foutu course et toi tu t’occupes du genou svp. Ok ? Deal ? ».   


Quand ca commence à monter comme ca,
on sait jamais quand ca va finir !

Patience, persévérance et ténacité.  J’arrive finalement au 4 ieme ravito au 31ieme km.  Il est environ trois heures.  Debout depuis 3 AM, et n’avoir manger que des jujubes sucrés et des gels de sirop. Pu capable.  Je dois bouffer quelque chose si je veux tenir le coup. Miracle, c’est plein de bouffe ici.  Je cale un Coke, mange des sandwichs de Nutella et un grilled cheese chaud !!! Hummmm  Divin.  Je rempli ma gourde d’eau et je m’informe sur l’allure que l’on a pour le dermier cut-off du prochain ravito.  Une coureuse me regarde et me dit : « Il te reste 2 heures pour les 8 prochains km.  Et à voir tes yeux, c’est certain que tu vas y arriver facilement ».  Effectivement, le mental n’a jamais lâché, je suis toujours en mission et ça parait dans mon visage.  C’est bon de bouffer un peu mais faut pas s’éternisé sinon les jambes vont jammées.


Voici à quoi ressemble un ravito dans un ultra.  Une table pleine de bouffe,
des coureurs affamés mais surtout assoiffés et des bénévoles d'enfer !
(Crédit photo Josée Prévost)


Je quitte le ravito en suivant un fille qui semble avoir beaucoup d’expérience en trail.  Je vais m’accrocher à elle et suivre son rythme.  Je dois avancer le plus rapidement possible.  On est encore dans le section la plus difficile, on est seulement au km 31.  8 autres km pour le dernier cut-off.  19 km pour la ligne d’arrivée. 

« It’s not over until I win ».

Miracle ! Croyez le ou non, mais en quittant le ravito,  j’arrive à courir.  La douleur au genou est disparu de moitié.  Ça fait mal mais je peux courir quand même bien.  Seul, les descentes restent difficiles quand je dois supporter mon poids en pliant le genou.  Mais on va gérer ça une descente à la fois.  Je suis alors ma nouvelle amie Lucie.  Son rythme est bon.  Je prends ce qu’elle me donne. Elle marche rapidement quand c’est trop technique et court les portions acceptables pour des jambes fatiguées. Grâce à elle, on avance assez rapidement vers le point de contrôle suivant et c’est encourageant.  MERDE !  Ils ont mis de l’eau salé dans ma gourde au dernier ravito!  Ouach ! pas buvable.  En plus que l’eau dans le sac dans mon dos est devenu chaude.  Double ouach ! Je suis incapable de boire cela.  Mon estomac refuse carrément.  On est en plein après-midi. Il fait chaud.  On transpire depuis 7 heures d’affiler.  Ça donne soif en baptême.  Et pas une goutte d’eau ;-(.  Plus on avance, plus je commence à avoir de la difficulté à suivre le rythme de Lucie.  Je la perd tranquillement et continue seul.  Je cours moins vite mais je sais que je suis dans les temps.  Il n'en reste pas très long. Un ou deux km pas plus. Pas de stresse.  Je croise un coureur avec qui j’ai jasé un peu plus tôt.  Je lui raconte mon aventure d’eau salé.  Il m’offre une de ses bouteilles d’eau. « Il m’en reste deux et il y a juste deux km avant le ravito, je vais être OK, Prends ca ! » Oufff ça fait du  bien.  Ça goûte le ciel et ici je ne me force même pas pour faire un jeu de mot.  On repart ensemble.  Il faut juste continuer à avancer.   Et à force d’avancer, on finit par arriver. (Je sais que je me répète. Mais cette maxime est la règle d’or dans un Ultra.)
  
YESSS. Arrivé ! Fini la pression du cut-off. Merci Lucie pour m’avoir tirer jusqu’ici.   Je suis maintenant à l’avant dernier ravito.  Mais je suis crevé. Vidé,  J’ai complètement manqué d’énergie dans les 5 derniers km. A cause de mon détour ? Le manque d’eau ?  Je l’ignore mais je suis brulé.  Je pense que 50 km c’est une belle expérience, mais pas sûr que je vais refaire ça un jour.  Ça parait dans mon visage et les responsables du control au ravito m’avise que si je veux abandonner, je dois le faire ici, sinon je dois absolument terminer l’épreuve car il n’y pas d’autre sortie d’évacuation.  No Way,  Il me reste 2.5 heures et 11 km à faire.  Pas de problème. Je suis condamné à finir cette épreuve.

Merci Lucie de m'avoir tirer jusqu'au cut Off <3
« … Quand ta course va mal, ça va aller bien…. ».

Je repars.  Plus j’avance, plus j’ai du plaisir.  Bizarrement mon énergie revient, et revient de plus en plus vite.  J’ai du plaisir et je veux juste courir, s’il pouvait avoir moins de roches et de racines. Je veux juste courir, mes jambes sont pleines d’énergie…    Dans les 5 km suivant se trouve les montées et descentes les plus malades, il y en a même avec des cordes pour se tenir  pour ne pas tomber dans le ravin. Oufff…  Mais pas de problème.  On fonce droit vers la descente aux enfers et à la montée du purgatoire.  J’ai hâte de voir de quoi ça l’air.  Honnêtement, je pensais que ce n’était qu’un coup de publicité ce dernier passage et que ça ne devait pas être si pire.  FAUX !  je pourrais écrire tous les jurons bibliques, il faut le voir. Une descente INFERNALE, à couper le souffle. Quand j’ai commencé à descendre et que j’ai vue en bas, je me suis dit que c’était impossible, on peut pas descendre jusqu’en bas, c’est trop creux, trop apique.  On ne pourra jamais remonter ca!  ET oui, on va jusqu’en bas. Un pas à la fois. En se tenant du mieux que l’on peut. A marcher sur le rebord du ravin entre les grosse roches. Je ne suis vraiment pas peureux mais il y a vraiment des risques de foutre le camps dans les ténèbres de la rivière plusieurs centaines de pieds plus bas…. WOW c’était quelques chose !

Finalement arrivée en bas, on traverse le pont et devinez quoi, on remonte de l’autre côté.  La montée du purgatoire où l’on a le temps de dire vraiment tous nos péchés.  On la monte tranquillement, c’est moins apique que la descente précédente.  Faut juste monter et être patient car ça monte longtemps mais en haut, se trouve le dernier ravito avec de l’eau fraiche.  Il parait même qu’elle est bénite.  Je le crois sur parole. Aucune raison de mettre mes croyances en jeu ici.

Quand tu vois cette affiche, tu la trouves drôle.  Mais quand ca
fait plus de 15 minutes que tu montes un sentier comme vous voyez en arrière.  
Vous comprenez pourquoi il y avait une affiche au début de la montée ;-)


YES, dernier ravito, il ne reste que 5 km à cette aventure. Je suis en feu. Mes jambes veulent juste courir.  Plus question de monter les côtes en marchant pour se ménager.  Je veux de la vitesse, je veux finir ce que j’ai commencé en force.  Je cours le plus vite que je peux entre les obstacles et j’ai le sourire fendu jusqu’aux oreilles.  La musique au fond.  Je trouve l’agilité pour courir entre les racines et les roches.  Je ne veux plus m’arrêter.

Ils ont mis des panneaux pour afficher les derniers kilomètres à la fin.  Plus que 3 km.    Merde c’est presque fini, je ne sais plus si j’ai hâte d’arriver ou si j’ai le goût d’étirer cette fin de course mémorable.  2 km… Une grande descente pour me rappeler que finalement, mon genou à lui aussi une tête de cochon.  Mais la douleur ne me ralentie plus.    1km… les émotions se mélangent à la fatigue.  Je voudrais que l’instant s’arrête pour pouvoir pleurer, rire et danser.  500 mètres.   Je flotte littéralement dans la trail.  Et je fonce comme un train vers le file d’arrivée.  
Au départ, Notre comparse Pierre a dit:
C'est juste les 49 premiers km qui sont difficiles !
Il avait raison.
« Mononk ! c’est mononk »  

Qu’est-ce que j’entends ?  quelqu’un qui m’appelle ?  Non j’ai la berlue, je continue….

« Heille le beau Mononk !!!! »  

…et j’aperçois  ma super amie Nathalie Bisson, qui est venue pour me voir expressément, qui me fait tous les signes possibles pour que je la vois.  Je fonce vers elle et tout dégoulinant de sueur, je lui saute dans les bras, elle en fait autant.  Juste le temps de lui dire comment cette surprise me fait chaud au cœur et qu’elle me lance : « File file, l’arrivée est là-bas ! ».  

Quelle belle surprise, priceless !
Merci BEAUCOUP Nathalie.

Je repars avec autant d’énergie comme si la course venait juste de commencer.  Je passe la ligne d’arrivée les bras dans les aires pendant que l’annonceur nous accueil en appelant notre nom au micro. 

Je me retourne alors vers l’annonceur et je lui lance 

« C’était trop le fun ! On recommence !!!! »


Vraiment fier de celle-là !

Quelle aventure avec soi-même.  Cette course, c’est la mienne.  Il y a 100 autres belles histoires aujourd'hui. Chaque course est une histoire en soi.  La course en sentier et très très différente des courses grands publiques sur le bitume. Toute la technique de course est différente, la stratégie et la gestion de la course aussi. Faut s’entrainer en trail pour être bon.  C’est aussi une confrérie.  Tout le monde se parle et s’entraide.  Tout le monde que tu as croisé sur le parcours revient te voir et on se remercie et se félicite mutuellement. On échange nos noms en espérant se retrouver plus tard.

Très honnêtement, après la course j’étais avec Nathalie et son amie Josée qui ont pris soins de moi en me préparant une assiette et me donnant de la limonade.  Ne me demander pas comment, mais j’avais zéro raideur dans les jambes, les jambes étaient encore en forme et j’aurais été courir un 10km sur l’asphalte pour enfin pouvoir courir comme j’aime.  J’étais tanné de courir par petit pas et de toujours être concentré pendant  près de 10 heures à surveiller les racines et les foutus roches. Courir vite et fort, voilà tout ce que j’avais envie de faire.  

Surprenant, ce matin, mise à part un genou un peu enflé, les jambes sont quand même en forme ;-)

Alors la réponse à la question à 100$ : Est-ce que j’ai enfin trouvé ma limite….. la réponse est heureusement ou malheureusement,   NON   ;-)

« …..La seule chose à faire, c’est de continuer! »



Temps total 9h45.


89ieme sur 100, pas fort ;-)
#OUEINPis !