jeudi 21 avril 2016

Le vieux mononcle est en feu !!!

Je dois l’avouer, en ce début de saison, je cours plus vite que j’aurais imaginé.

L’an passé, après avoir réussi 1h55 au demi-marathon (enfin sous les 2hres !) et finalement le marathon sous la barre psychologique de 4hres, soit 3h58 , j’avais atteint mon objectif et je me disais que si je faisais d’autres courses, je ne pousserai plus autant pour essayer de battre mon record.
Enjoy the run, not the finish.

Et voilà que la semaine passée, avec seulement 6 semaines d’entrainement, alors que je voulais juste faire une course pépère, je me tape un !!!!! J’avoue que j’étais content, je me disais que c’était une bonne journée exceptionnelle.

6 jours plus tard, je me présente au marathon des érables du mont St-Grégoire (Je ne voulais même pas y aller au début, le manque d’entrainement et de petites blessures me faisait hésiter), mais bon. Ma super gentille cousine Diane Mailloux nous attendait à St-Jean sur le Richelieu pour la fds. Allons-y. On va faire une p’tite course pas trop vite car j’ai encore la fatigue dans les jambes de mon 21km de dimanche dernier.


Rendu sur la ligne de départ, nous étions finalement un gros « 156 coureurs » pour ce marathon de village. Disons que l’on est loin de la marée humaine de Toronto avec ses 8000 participants. Le départ ayant même été retardé de 40 minutes, on jasait pas mal tous ensemble sur la ligne de départ et on était rendu que l’on connaissait au moins la moitié des coureurs avant de partir;-)


Avouons que ce n’est pas le marathon, aux travers des champs, des vaches avec les autos, les tracteurs de ferme qui zigzag au travers des coureurs sur les routes qui fait courir les foules (les rues étaient absolument pas fermées). On pouvait voir rapidement que seul les maniaques étaient venus courir un marathon perdu en campagne à ce temps ci de l’année. Soit pour plusieurs de très rapides coureurs qui commencent leur saison ou viennent s’entrainer pour leur « Ironman ».
C’était évident que le niveau était élevé et ça allait être un marathon rapide. Comme j’avais quand même fait un très bon temps la fds avant, je me suis dit que j’étais quand même capable de viser 4hres ou un peu moins. Je me place donc en avant du lapin de 4hres et GO ! On part pour s’amuser.

Le départ dans quelques secondes !
Comme j’avais tenu un cadence de 5’10sec/km la fds avant sur 21km, je me suis donné comme stratégie de maintenir 5min 30 sec/km (5’30/km) pour la première moitié et on verra pour le deuxième demi du parcours comment je tiens le coup. Ainsi je devrais être en moins de 4hres et je serais très fier de ce résultat.

Comme on est très peu de coureur, difficile de s’accrocher à un autre coureur pour garder la cadence. Dans les premières grandes sections au travers les champs, il y avait beaucoup de vent. Je me suis donc caché derrière un coureur pour couper un peu le vent. Le gentil monsieur qui m’a coupé le vent était en fait Daniel Lequin, Chroniqueur à RDS.ca. Il en était à son 65 ième marathon !!!! Et à son deuxième en deux semaines. Il était au marathon de Boston il y a deux semaines ! WOW. J’étais honoré de courir avec un marathonien de Boston. Sans montre, n’y gps, il courait comme un métronome. Il maintenait un cadence de 5’15/km sans jamais varier de vitesse peu importe les côtes ou le vent. Ma course allait bien, on courrait sans se fatiguer. J’ai donc décidé de courir plus vite que prévu et de rester coller avec mon nouvel ami. On a jasé un brin durant le premier 21km. M. Lequin est vraiment un chic type et je le remercie de m’avoir accompagné tout ce temps.

Une tres belle rencontre cette journee là,
Merci Daniel
Passé la première moitié de la course, M. Lequin me dit qu’il ressent la fatigue de son marathon d’il y a deux semaines et de ne pas l’attendre car il allait ralentir. (Bon, disons que quand un Marathonien de Boston te dit de passer en avant et de ne pas l’attendre, ça fait un peu comme dépasser une Ferrari sur l’autoroute avec ton vieux char;-)









Bon, on a la première moitié de la course de fait et j’ai tenu une super bonne vitesse. Disons que l’idée d’une course pépère vient de prendre le bord et on se met à rêver à notre nouveau chrono record possible. Je calculais que j’avais tenu 5’15/km la première demi. Si je maintenais sous les 5’30min/km pour la deuxième portion, ça serait génial !
Pourquoi pas, il fait pas trop chaud, un peu de vent mais pas trop de côtes. Je me suis dit, let’s go le vieux mononcle, c’est aujourd’hui que ça se passe. Je me suis surpris à tenir une cadence de 5’15min/km pour les 10 km suivants. Je commençais à penser à mon collègue et idole Karl, Marathonien et multiples « Ironman » , que je pourrais peut-être enfin arriver à me rapprocher de son temps. Karl avait fini 4 secondes avant moi la semaine précédente au 21km. Mais moi c’était ma meilleur course à vie, et lui une mauvaise course, mais bon, j’avais presque réussi à battre Karl. !!!

Rendu au 30 ième, je me surprenais à tenir la cadence de 5’15 et même avec des remontées à 5’10 et 5’00’’/km. Je ne voulais pas lâcher, j’étais crinqué et je n’arrêtais pas de me dire :
« C’est tu tout ce que tu as à donner ? C’est-tu le plus vite que tu peux aller ca ?….. Enwoueille, dans 1 heure c’est fini pis là on va se reposer, but now, we have a work to do ! »
Où mon mantra préféré quand ça fait mal dans les cotes (à lire avec la voix rauque… « T’as pas mal Rocky, t’as pas mal… ;-)»
Si bien que j’ai jamais ralenti la cadence. Quand mon chrono ralentissait, je me bottais le derrière et retournais à ma vitesse initiale….

Les derniers 5 km……
J’avoue que rendu au 36 ième km, je sentais les batteries se vider un peu trop vite. Un peu comme ces foutus batteries rechargeables qui tombent à plat d’un seul coup. Je commençais à chercher tous les mantras possibles pour ne pas trop ralentir et je me disais que je ne devais surtout pas perdre de précieuses secondes qui étaient pour m’empêcher de battre le chrono de Karl… J’ignorais son meilleur chrono exact et je n’osai pas regarder ma montre pour essayer d’anticiper mon temps. De peur d’être déçu et de perdre mon focus… J’ignorais comment j’allais faire pour tenir les 5 derniers km à cette vitesse. Je commençais à être creuvé et le mental s’en ressentait. On monte une bonne côte (go go go le gros, t’es bon dans les côtes, ta rien que ça chez vous. Pousse pousse…)


MIRACLE !
En haut de la côte, il reste 3 ½ km environ et ça descend sur presque 1 km. Good, c’est presque un kilomètre gratis. J’en profite pour gagner le plus de secondes possibles en accélérant. « Je vais battre Karl, lâche pas, il en reste plus beaucoup. 20 minutes encore » .
J’avoue que pour m’aider, les deux derniers km étaient un assez bon faut plat qui descendait. Enfin, on a eu que des faux plats qui montaient avec le vent dans la face tout le long !
Je suivais depuis env. 15 km un autre coureur habillé en rouge qui était environ 100 mètres en avant de moi sans jamais avoir été capable de le rattraper. Sur le dernier 1.5 km, je décide d’ouvrir la machine et d’aller le chercher, et même peut-être le battre le tabarnouche…. Oui oui, je suis crinqué !!!!

Il ne reste 500 mètres, ma cadence et de 4min 30sec /km,
je donne tout ce que j’ai.   Soudain !   Aaaaaaiiiiiiiillle!  Un coup de poignard au mollet, Je me suis claqué un mollet. Je tombe presque par terre tellement ça fait mal. Je suis incapable de poser mon pied gauche par terre. Un coup de poignard….

Je hurle NON!  NOOONNN!!!!
La course de ma vie, je vois presque la ligne d’arrivée et je suis incapable d’avancer. Je vois les secondes s’envoler….. Je me relève, j’essaie de repartir. Incapable de marcher.
Je hurle encore (en tout cas, je hurle en crisse dans ma tête). Ce n’est pas vrai que je vais scraper ma meilleure course à vie et de plus manquer de battre Karl car je vais prendre 10 min. pour faire 500 mètres.

Je me suis arrêté environs 1 ou 2 minutes. Je m’étire le mollet (ben oui le cave, étire un mollet déchiré, ça va sûrement t’aider…..).

Avancer, avancer. Je dois trouver le moyen d’avancer.

Je marche (disons ça comme ça…) 100 pieds. J’essaie de repartir à courir, si courir sur une jambe ça s’appelle courir. Une responsable de la course se dirige vers moi en me faisant signe « non » de la tête, de m’arrêter pour recevoir des soins. Je l’envoie chie…. (J’avoue ici que j’ignore si je l’ai dit dans ma tête ou bien à voix haute) et je repars comme je peux. Vraiment comme je peux, je « super » clopine. J’essaie de prendre le plus de vitesse possible. Je ne sais pas à quelle vitesse je vais, je ne regarde pas ma montre, je ne focus que sur le dernier coin de rue à tourner à quelques centaines de pieds. Cela m’a semblé une éternité mais je tourne finalement le coin, il reste 500 pieds avant l’arrivée. Les gens sont de chaque côté de la rue à nous encourager à l’arrivée.
L’orgueil aidant, je tente de courir le plus droit possible pour boiter le moins possible et de sourire pour les photos d’arrivée.

Disons que de finir sa meilleure course avec une face qui grimace de douleur, ce n’est pas très winner.
Je traverse enfin la ligne d’arrivée, je stoppe ma souffrance le plus vite possible en m’agrippant après la clôture.

Je regarde le cadran officiel : 3:42:30 !!!!!!

YESSS ! Même dans mes rêves, je n’aurais imaginé un temps pareil. Et avec ce temps, je sais que je ne dois pas être loin du meilleur temps de Karl.

Quelques textos plus tard, et oui, c’est confirmer!

J’AI BATTU KARL !!!


Et oui, le vieux mononcle est en feu !

Superbe marathon, meilleur temps a vie !!!
Et déjà inscrit pour l'an prochain.