Je dois
l’avouer, en ce début de saison, je cours plus vite que j’aurais imaginé.
L’an passé,
après avoir réussi 1h55 au demi-marathon (enfin sous les 2hres !) et finalement
le marathon sous la barre psychologique de 4hres, soit 3h58 , j’avais atteint
mon objectif et je me disais que si je faisais d’autres courses, je ne
pousserai plus autant pour essayer de battre mon record.
Enjoy the
run, not the finish.
Et voilà
que la semaine passée, avec seulement 6 semaines d’entrainement, alors que je
voulais juste faire une course pépère, je me tape un !!!!! J’avoue
que j’étais content, je me disais que c’était une bonne journée exceptionnelle.
6 jours
plus tard, je me présente au marathon des érables du mont St-Grégoire (Je ne
voulais même pas y aller au début, le manque d’entrainement et de petites
blessures me faisait hésiter), mais bon. Ma super gentille cousine Diane
Mailloux nous attendait à St-Jean sur le Richelieu pour la fds. Allons-y. On va
faire une p’tite course pas trop vite car j’ai encore la fatigue dans les
jambes de mon 21km de dimanche dernier.
Rendu sur
la ligne de départ, nous étions finalement un gros « 156 coureurs » pour ce
marathon de village. Disons que l’on est loin de la marée humaine de Toronto
avec ses 8000 participants. Le départ ayant même été retardé de 40 minutes, on
jasait pas mal tous ensemble sur la ligne de départ et on était rendu que l’on
connaissait au moins la moitié des coureurs avant de partir;-)
Avouons que
ce n’est pas le marathon, aux travers des champs, des vaches avec les autos,
les tracteurs de ferme qui zigzag au travers des coureurs sur les routes qui
fait courir les foules (les rues étaient absolument pas fermées). On pouvait
voir rapidement que seul les maniaques étaient venus courir un marathon perdu
en campagne à ce temps ci de l’année. Soit pour plusieurs de très rapides
coureurs qui commencent leur saison ou viennent s’entrainer pour leur « Ironman
».
C’était
évident que le niveau était élevé et ça allait être un marathon rapide. Comme
j’avais quand même fait un très bon temps la fds avant, je me suis dit que
j’étais quand même capable de viser 4hres ou un peu moins. Je me place donc en
avant du lapin de 4hres et GO ! On part pour s’amuser.
Le départ dans quelques secondes ! |
Comme
j’avais tenu un cadence de 5’10sec/km la fds avant sur 21km, je me suis donné
comme stratégie de maintenir 5min 30 sec/km (5’30/km) pour la première moitié
et on verra pour le deuxième demi du parcours comment je tiens le coup. Ainsi
je devrais être en moins de 4hres et je serais très fier de ce résultat.
Comme on
est très peu de coureur, difficile de s’accrocher à un autre coureur pour
garder la cadence. Dans les premières grandes sections au travers les champs,
il y avait beaucoup de vent. Je me suis donc caché derrière un coureur pour
couper un peu le vent. Le gentil monsieur qui m’a coupé le vent était en fait Daniel
Lequin, Chroniqueur à RDS.ca. Il en était à son 65 ième marathon !!!! Et à son
deuxième en deux semaines. Il était au marathon de Boston il y a deux semaines
! WOW. J’étais honoré de courir avec un marathonien de Boston. Sans montre, n’y
gps, il courait comme un métronome. Il maintenait un cadence de 5’15/km sans
jamais varier de vitesse peu importe les côtes ou le vent. Ma course allait
bien, on courrait sans se fatiguer. J’ai donc décidé de courir plus vite que
prévu et de rester coller avec mon nouvel ami. On a jasé un brin durant le
premier 21km. M. Lequin est vraiment un chic type et je le remercie de m’avoir
accompagné tout ce temps.
Une tres belle rencontre cette journee là, Merci Daniel |
Passé la
première moitié de la course, M. Lequin me dit qu’il ressent la fatigue de son
marathon d’il y a deux semaines et de ne pas l’attendre car il allait ralentir.
(Bon, disons que quand un Marathonien de Boston te dit de passer en avant et de
ne pas l’attendre, ça fait un peu comme dépasser une Ferrari sur l’autoroute
avec ton vieux char;-)
Bon, on a
la première moitié de la course de fait et j’ai tenu une super bonne vitesse.
Disons que l’idée d’une course pépère vient de prendre le bord et on se met à
rêver à notre nouveau chrono record possible. Je calculais que j’avais tenu
5’15/km la première demi. Si je maintenais sous les 5’30min/km pour la deuxième
portion, ça serait génial !
Pourquoi
pas, il fait pas trop chaud, un peu de vent mais pas trop de côtes. Je me suis
dit, let’s go le vieux mononcle, c’est aujourd’hui que ça se passe. Je me suis
surpris à tenir une cadence de 5’15min/km pour les 10 km suivants. Je
commençais à penser à mon collègue et idole Karl, Marathonien et multiples «
Ironman » , que je pourrais peut-être enfin arriver à me rapprocher de son
temps. Karl avait fini 4 secondes avant moi la semaine précédente au 21km. Mais
moi c’était ma meilleur course à vie, et lui une mauvaise course, mais bon,
j’avais presque réussi à battre Karl. !!!
Rendu au 30
ième, je me surprenais à tenir la cadence de 5’15 et même avec des remontées à
5’10 et 5’00’’/km. Je ne voulais pas lâcher, j’étais crinqué et je n’arrêtais
pas de me dire :
« C’est tu
tout ce que tu as à donner ? C’est-tu le plus vite que tu peux aller ca ?…..
Enwoueille, dans 1 heure c’est fini pis là on va se reposer, but now, we have a
work to do ! »
Où mon
mantra préféré quand ça fait mal dans les cotes (à lire avec la voix rauque… «
T’as pas mal Rocky, t’as pas mal… ;-)»
Si bien que
j’ai jamais ralenti la cadence. Quand mon chrono ralentissait, je me bottais le
derrière et retournais à ma vitesse initiale….
Les
derniers 5 km……
J’avoue que
rendu au 36 ième km, je sentais les batteries se vider un peu trop vite. Un peu
comme ces foutus batteries rechargeables qui tombent à plat d’un seul coup. Je
commençais à chercher tous les mantras possibles pour ne pas trop ralentir et
je me disais que je ne devais surtout pas perdre de précieuses secondes qui
étaient pour m’empêcher de battre le chrono de Karl… J’ignorais son meilleur
chrono exact et je n’osai pas regarder ma montre pour essayer d’anticiper mon
temps. De peur d’être déçu et de perdre mon focus… J’ignorais comment j’allais
faire pour tenir les 5 derniers km à cette vitesse. Je commençais à être creuvé
et le mental s’en ressentait. On monte une bonne côte (go go go le gros, t’es
bon dans les côtes, ta rien que ça chez vous. Pousse pousse…)
MIRACLE !
En haut de
la côte, il reste 3 ½ km environ et ça descend sur presque 1 km. Good, c’est
presque un kilomètre gratis. J’en profite pour gagner le plus de secondes
possibles en accélérant. « Je vais battre Karl, lâche pas, il en reste plus
beaucoup. 20 minutes encore » .
J’avoue que
pour m’aider, les deux derniers km étaient un assez bon faut plat qui
descendait. Enfin, on a eu que des faux plats qui montaient avec le vent dans
la face tout le long !
Je suivais
depuis env. 15 km un autre coureur habillé en rouge qui était environ 100
mètres en avant de moi sans jamais avoir été capable de le rattraper. Sur le
dernier 1.5 km, je décide d’ouvrir la
machine et d’aller le chercher, et même peut-être le battre le tabarnouche….
Oui oui, je suis crinqué !!!!
Il ne reste
500 mètres, ma cadence et de 4min 30sec /km,
je donne
tout ce que j’ai. Soudain !
Aaaaaaiiiiiiiillle! Un coup de poignard au mollet, Je me suis claqué un
mollet. Je tombe presque par terre tellement ça fait mal. Je suis incapable de
poser mon pied gauche par terre. Un coup de poignard….
Je hurle
NON! NOOONNN!!!!
La course
de ma vie, je vois presque la ligne d’arrivée et je suis incapable d’avancer.
Je vois les secondes s’envoler….. Je me relève, j’essaie de repartir. Incapable
de marcher.
Je hurle
encore (en tout cas, je hurle en crisse dans ma tête). Ce n’est pas vrai que je
vais scraper ma meilleure course à vie et de plus manquer de battre Karl car je
vais prendre 10 min. pour faire 500 mètres.
Je me suis
arrêté environs 1 ou 2 minutes. Je m’étire
le mollet (ben oui le cave, étire un mollet déchiré, ça va sûrement t’aider…..).
Avancer,
avancer. Je dois trouver le moyen d’avancer.
Je marche
(disons ça comme ça…) 100 pieds. J’essaie de repartir à courir, si courir sur
une jambe ça s’appelle courir. Une responsable de la course se dirige vers moi
en me faisant signe « non » de la tête, de m’arrêter pour recevoir des soins.
Je l’envoie chie…. (J’avoue ici que j’ignore si je l’ai dit dans ma tête ou
bien à voix haute) et je repars comme je peux. Vraiment comme je peux, je «
super » clopine. J’essaie de prendre le plus de vitesse possible. Je ne sais
pas à quelle vitesse je vais, je ne regarde pas ma montre, je ne focus que sur
le dernier coin de rue à tourner à quelques centaines de pieds. Cela m’a semblé
une éternité mais je tourne finalement le coin, il reste 500 pieds avant
l’arrivée. Les gens sont de chaque côté de la rue à nous encourager à
l’arrivée.
L’orgueil
aidant, je tente de courir le plus droit possible pour boiter le moins possible
et de sourire pour les photos d’arrivée.
Disons que
de finir sa meilleure course avec une face qui grimace de douleur, ce n’est pas très winner.
Je traverse
enfin la ligne d’arrivée, je stoppe ma souffrance le plus vite possible en
m’agrippant après la clôture.
Je
regarde le cadran officiel : 3:42:30 !!!!!!
YESSS ! Même dans mes rêves, je n’aurais imaginé un temps pareil. Et avec ce
temps, je sais que je ne dois pas être loin du meilleur temps de Karl.
Quelques textos plus tard, et oui, c’est confirmer!
J’AI BATTU KARL !!!
Et oui, le vieux mononcle est en feu !
Superbe marathon, meilleur temps a vie !!! Et déjà inscrit pour l'an prochain. |